mercredi 10 juillet 2013

Exercice pour un cours d'écriture créative avec madame Zineb Ali Ben Ali

Le Logo-Rallye

La consigne de cet exercice était d'écrire durant le cours tout en prenant compte des mots lancés par la professeure toutes les cinq à dix minutes. Il fallait donc être créatif et rapide à la fois.
Les mots sont ici mis en gras dans le texte ci-dessous.

Pourquoi logo-rallye ? 
En grec, logos signifie "parole, discours". Il sert à désigner, en suffixe par exemple, un certain nombre de disciplines du savoir, comme la sociologie, l'archéologie. 
Une forte envie de parler, un flux de paroles rapides peut aussi s'appeler une loghorrhée.
Un rallye peut-être une compétition où les concurrents atteignent un but en passant par un certain nombre d'étapes.
Le titre de l'exercice éclaire donc sa consigne.

Le "logo-rallye" par Mitia Pierretti, élève en licence 3 de Lettres :

Ce jour là, à la bibliothèque de l’université St Denis, la lumière inondait les vitres et caressait les pages d’étudiants zélés. Malgré cela, Antoine avait placé son livre d’Immunologie de la sémiotique à 37 km exactement de la porte de son garage. Avec sa nouvelle montre, il s’amusait à tout mesurer : poids, taille, temps…Une 50kg, 300g, 1 m65 cm s’était assise à 37 cm de sa chaise en 16 secondes. Elle s’approchait maintenant, rapprochait sa chaise en colère, ou plutôt par colère. Troublé par le regard duveteux de cette fille, il ne savait plus rien à part qu’il n’aimait pas qu’on enfreigne inopinément la circonférence de 21 cm de son espace corporel vital, et cela pour quelque motif que ce soit, même par colère ! Pris en étau, coincé par cet obturateur émotionnel commotionnant, obturateur manié par cette fille bien décidée à lui gâcher sa journée en le déracinant de cet espace de concentration et de silence où il aimait à étudier, son souffle se trouait et son estomac haletait. Elle avançait à présent, avec brusquerie, sa main sur son classeur jaune de cours de linguistique épidémique. Quelle audace ! Diable ! « Que me veut cette fille » pensa-t-il, quand elle avança plus encore sa main sur son pull vert pomme. Paume contre pomme, cloque sur sa seconde peau de laine. « Mais que faites-vous ? » dit-il d’une voix qu’il eut voulu comme une claque mais qui ne tinta que comme un ruissellement de lumière infuse dans cet espace de science. Point de réponse et cette main pendait maintenant, prolongeant le bras qui était ostensiblement posé sur son épaule ! Le visage de la Femme abordait ses joues ; il sentait sur sa barbe naissante, cette herbe mauvaise des jours où par un grand malheur il arrivait en retard, une respiration fraîche et mentholée. "Eloignez-vous" dit-il, regardant désespéré à l’entour si on l’épiait. Devait-il crier ? Se défendrait-il, seul ? Que lui voulait cet être concomitant dont les lèvres, telle une maudite apparition, à minuit, un soir de pluie, à la porte d’un château délabré, accostaient son lobe d’oreille gauche ? Il entendit : « J’ai envie de toi, tout de suite, ici ». « Ca suffit. Lâchez-moi ». Il ne parvenait à parler plus fort. Bruissement sourd à travers les tables de groupes d’étudiants tatoués et percés. "Lâchez-moi » dit-il, somnambule alors que la main prédatrice glissait le long de son torse glabre, s’enfonçait en quête du robinet capable d’étancher la soif de ses élans. En nage, submergé, il cria des bulles de vapeur insonore.


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