Le
Logo-Rallye
La consigne de
cet exercice était d'écrire durant le cours tout en prenant compte
des mots lancés par la professeure toutes les cinq à dix minutes.
Il fallait donc être créatif et rapide à la fois.
Les mots sont
ici mis en gras dans le texte ci-dessous.
Pourquoi
logo-rallye ?
En
grec, logos signifie "parole, discours".
Il sert à désigner, en suffixe par exemple, un certain nombre de
disciplines du savoir, comme la sociologie, l'archéologie.
Une forte envie
de parler, un flux de paroles rapides peut aussi s'appeler une
loghorrhée.
Un rallye peut-être
une compétition où les concurrents atteignent un but en passant par
un certain nombre d'étapes.
Le titre de
l'exercice éclaire donc sa consigne.
Le
"logo-rallye" par Mitia Pierretti, élève en licence 3 de
Lettres :
Ce jour là, à
la bibliothèque de l’université St Denis, la lumière inondait
les vitres et caressait les pages d’étudiants zélés. Malgré
cela, Antoine avait placé son livre d’Immunologie de la sémiotique
à 37 km exactement de la porte de son garage. Avec
sa nouvelle montre, il s’amusait à tout mesurer : poids, taille,
temps…Une 50kg, 300g, 1 m65 cm s’était assise à 37 cm de sa
chaise en 16 secondes. Elle s’approchait maintenant, rapprochait sa
chaise en colère, ou plutôt par colère. Troublé par
le regard duveteux de cette fille, il ne savait plus rien à part
qu’il n’aimait pas qu’on enfreigne inopinément la
circonférence de 21 cm de son espace corporel vital, et cela pour
quelque motif que ce soit, même par colère ! Pris en étau, coincé
par cet obturateur émotionnel commotionnant,
obturateur manié par cette fille bien décidée à lui gâcher sa
journée en le déracinant de cet espace de concentration et de
silence où il aimait à étudier, son souffle se trouait et son
estomac haletait. Elle avançait à présent, avec brusquerie, sa
main sur son classeur jaune de cours de linguistique épidémique.
Quelle audace ! Diable ! « Que me veut cette fille »
pensa-t-il, quand elle avança plus encore sa main sur son pull vert
pomme. Paume contre pomme, cloque sur sa seconde
peau de laine. « Mais que faites-vous ? » dit-il d’une voix qu’il
eut voulu comme une claque mais qui ne tinta que comme un
ruissellement de lumière infuse dans cet espace de science. Point de
réponse et cette main pendait maintenant, prolongeant le bras qui
était ostensiblement posé sur son épaule ! Le visage de la Femme
abordait ses joues ; il sentait sur sa barbe naissante,
cette herbe mauvaise des jours où par un grand
malheur il arrivait en retard, une respiration fraîche et mentholée.
"Eloignez-vous" dit-il, regardant désespéré à l’entour
si on l’épiait. Devait-il crier ? Se défendrait-il, seul ? Que
lui voulait cet être concomitant dont les lèvres, telle une maudite
apparition, à minuit, un soir de pluie, à la porte d’un château
délabré, accostaient son lobe d’oreille gauche ? Il entendit : «
J’ai envie de toi, tout de suite, ici ». « Ca suffit. Lâchez-moi
». Il ne parvenait à parler plus fort. Bruissement sourd à travers
les tables de groupes d’étudiants tatoués et percés. "Lâchez-moi
» dit-il, somnambule alors que la main prédatrice glissait le long
de son torse glabre, s’enfonçait en quête du robinet capable
d’étancher la soif de ses élans. En nage, submergé, il cria des
bulles de vapeur insonore.
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